Après 3 mois et demi passés dans ma cattle station,
il est temps de vous expliquer ce que j’y faisais.
J’ai trouvé ce job de cuisinière depuis les
Philippines, et j’ai commencé le
29 juillet.
Je travaillais en plein milieu de l’Australie, à
Roxborough Downs dans le Queensland. La ville la plus proche, Boulia, 230
habitants, se trouvait 2h de route non bitumée.
Une cattle station est un centre d’élevage de bovins. Ici, il y a
environ 10 000 vaches sur une surface de 500 000 acres,
ce qui correspond à 250 000 terrains de football de 7,2km². Comme on est au milieu du désert, il n’y a
pas beaucoup de nourriture, ce qui explique pourquoi les cattle stations sont
si grandes.. La cattle station est divisée en une dizaine de parcelles
(paddocks) ou sont répartis les bovins.
L’équipe se composait de 8 personnes. Les
managers, Bridget et Steve (45 ans), le head stockman (2nd chef),
Cameron (21 ans), et 2 « station hands » (hommes à tout faire de la
station), Franck et Tom, 18 ans. Il y avait également 2 autres backpackers avec
qui je passait la plus grande partie de mon temps : Pete, un irlandais de
31 ans, Ingrid une Norvégienne de 21 ans et moi bien sur pour faire à manger à
tout ce beau monde !
Je cuisinais donc pour 8
personnes, avec de temps en temps des extras (conducteur de camion, des amis de
passage, les enfants de Steeve et Bridget...).
Je préparais :
- Le petit dejeuner (entre 5h et 6h30) : bacon, oeufs, saucisses, spaghetti, steak, hachis.
- Le smoko à 9h30 : des cakes et biscuits fais maison, des crepes, des pancakes...
- Le lunch à 12h30 : essentiellement de la viande froide, des cold meats fritters et des salades de légumes ou de pates.
- Le diner : roastbeef, cornbeef, lazagne, beef pie, steak et oeufs sur le plat, fish and chips, crumbed steak...
Petit dej australien |
Mon lieu de travail |
Pour les recettes, voir l’article précédant.
Je m’occupais également du ménage (la cuisine, la chambre froide, les chambres d’amis, la
salle de bain...), du potager (récolter les légumes, arracher les vieilles
plantation qui ne rendaient plus...) et de l’arrosage de la pelouse.
Il
fallait aussi nourrir les animaux : 15 poules et 6 canards (mon pied porte
encore la trace d’une bataille mémorable contre l’un d’eux), et les cochons. Il
y avait au départ 2 cochons, puis les garçons en ont attrapés d’autres, dont un
qui arrive à sortir de l’enclos pour venir chercher son repas avant les autres,
et il y a maintenant 10 cochons !
Il
m’arrivait de
travailler avec les bovins, mais je laisse le plaisir à Jérome de vous expliquer, il a
plus pratiquer cette activité que moi.
Il est
temps maintenant de vous expliquer l’organisation de la cattle station. L’isolement
du lieu implique pas d’arrivée d’électricité, eau ou gaz. Pas de magasins, supermarchés
ou docteurs.
Pour
l’électricité, nous avions un générateur qui alimentait toutes les maisons
(celle des gérants, la cuisine, le quartier des garcons, le quartier des
filles) et tournait au diesel.
Concernant
l’eau, on récupérait l’eau de pluie (eau potable), et les sanitaires étaient
alimentés par l’eau de la rivière.
Durant mon séjour l’eau a été
un réel problème, dans le sens ou la rivière se desséchait
à vue d’oeil. Il a fallu rationner la pelouse et
son système d’arrosage pour un arrosage intelligent de 17h à 10h contre toute la journée
habituellement. L’eau de la rivière alimentait les douches et
provoquait une déshydratation de la peau. Pour
l’eau potable, il n’y a pas plu assez pour pouvoir garentir de l’eau potable
jusqu’à la prochaine saison des pluies. Bien entendu,
nous n’étions pas limités à ce sujet, mais le gaspillage était santionné. Avant mon départ, Cameron
est allé chez les voisins pour chercher de l’eau potable.
L’approvisonnement
alimentaire se faisait toutes les 6 semaines pour les produits non périssables
(conserves, pates...). Les gérants se rendaient à Mount Isa (3h de route)
avec un camion et revenaient chargés à bloc avec de pour les hommes et les
animaux (cochons, poules, chevaux et bovins). Nous avions en plus d’une cuisine
habituelle, une pièce de
stockage d’environ 25 m2
avec des conserves en tout genre et des produits d’hygiène (corporelle et
surfacique). Autant dire que l’anticipation était de rigueur.
Aucun reste n’était gaché, soit ils étaient reutilisés dans les prochain repas,
ou alors ils alimentaient les poules et les cochons.
Les fruits et légumes étaient livrés via le facteur depuis Mount Isa qui nous
visitait tous les lundis et jeudis.
Il
n’y avait pas de diversité pour la viande, c’était du boeuf, du boeuf et du boeuf... non, je suis
mauvaise langue en 3 mois et demi de temps, j’ai mangé 2 fois du poulet, 2 fois du mouton
et une fois du porc. Bien entendu, le boeuf provenait de notre cattle station.
Toutes deux semaines, Steve, Cameron et Tom allaient au « kill » :
Steve prenait son fusil, tirait 2 à 3 balles dans la tete d’un bovin (de 500 kg environ), puis
Cameron et Tom le dépeçaient, récupéraient la viande, les ribs, un morceau du
gros intestin (délicieux au barbecue) et les pates pour les chiens. Il faut
1h30 à
2 personnes pour faire le travail. La viande est chargée à l’arrière d’un pick up (ute en australie) sur un tapis
de branchage, puis elle est entreposée dans une chambre
froide, facon boucher, pour la maturation et la consommation. La carcasse et
les abats restent sur place et ravit les rapaces, les dingos (chien du bush
australien) et les chats sauvages. La viande est vendue environ 1.50 dollar
australien par kilo de bovin. Un bovin de 500 kg est vendu 750
dollars, soit environ 600 euros.
Chose
moins gaie, un accident de travail est survenu. Franck, toujours le premier à se couper, se bruler...
s’est brulé
une bonne partie de l’avant bras au 2eme degré, en alimentant un feu avec
du pétrole. Il a du être évacué d’urgence à l’hopital. Mais lorsque
l’hopital se trouve à 3h de route, il faut trouver une route plus rapide. Une
idée ?
Le vol d’oiseau ? Les flyings doctors (médecins volants), existent pour
porter secours aux régions isolées de l’Australie. Ainsi, tout point de
l’Australie est sensé être accessible en moins de 2h par les flying doctors (ça
peut sembler énorme, mais vu la taille et l’isolement de ces régions c’est
plutôt pas mal). Ici, il faut 1h pour
alerter l’hopital, faire venir les docteurs et repartir pour l’hôpital de Mount
Isa. Ils viennent à 3 : un ambulancier pilote, un docteur et un infirmier et lorsque
c’est nécessaire, ils rapatrient les blessés. Nous avions un stock de médicament que l’hôpital
nous envoyait via la poste : paracetamol, antidiahretique, morphine....
Certains médicaments, bien qu’étant à disposition restaient surveillés de près par l’hopital.
En
dehors des heures de travail, je profitais de la rivière pour me rafraichir, pêcher, et faire du
bateau. Nous jouons au billard, au ping-pong et regardons la télé.
J’ai aisni vu Taken 2, Django, Rebelle, Bilbo le Hobbit (!), Gang of New York, Brave Heart… et le tout en
anglais...avec les sous-titres anglais.
Lorsque nous avions plus
d’un jour de repos, il nous arrivait d’aller en ville pour passer des soirées, quelques fois alcoolisées, et dormir à la belle étoile. La dernière
sortie s’était pour un cricket day. Le village de Dangi, 30
habitants dont un café qui organisait cette journée. Les cattles sations
avoisinnantes formaient une équipe et un tournoi se déroulait. Avec Ingrid,
nous avons rencontré des personnes très sympathiques (Cayle, Rohan, Jack,
Lukas et Dan) qui travaillent dans la cattle station voisine Tobermorey, c’est à dire à 1h30 de route. Nous leur avons rendu visite lors
d’un week end. Ils ont un âne et un bébé chameau tout
doux qui fait ma taille. Les garcons m’ont appris à tirer à la carabine, avec une balle, j’ai eu 2 oiseaux. Je
ne sais pas trop si je dois etre fière.
Durant
3 mois et demi, j’ai passé ma première semaine avec
Jérome. Il m’a quitté pour trouver du boulot à Mount Isa. Je l’ai rejoint une semaine après pour le
week end du rodéo, le même week-end, ou il y a trouvé son job
de jardinier à Davemport (5h30 de route, 450 km de ma cattle
station). Il n’a pu me rendre visite qu’une fois après 1 mois de séparation. La vie seule est parfois bien longue. Mais maintenant, après 9
semaines de séparation, les retrouvailles sont de circonstances...
Ces
3 mois et demi m’ont néanmoins appris pas mal de chose. Maintenant je sais cuisiner des fish and
chips, et je sais meme inventer des nouvelles recettes, je sui passée de
cuisinière à chef - spécialisation boeuf. J’ai
également bien progressé en anglais, je sais gérer des conversations. J’ai
appris beaucoup aussi sur les relations comportementales entre collègues
d’origines différentes vivants ensemble. Cela n’a pas été
facile tous les jours de ne pas parler la même langue, d’être entouré de
personnes beaucoup plus jeunes que moi. Mais les relations se sont améliorées
en avancant dans le temps, l’apprentissage de l’anglais aidant. Je me suis bien
amusée avec Pete et Ingrid.
Merci à mes parents, Adelaide, Edwige, Helene, Fleur,
Lucie H et Florent de m’avoir si souvent téléphoné. Merci à Simon de m’avoir envoyé le fabuleux livre de Franck Thilliez ATOM[KA]
que je recommande à toutes les personnes qui aiment les frissons. Et merci à tous les autres
personnes pour les mails...
ouahhh je suis la prem's pour un commentaire, quel honneur ! Merci à toi de nous parler de tes expériences. Chez nous, le quotidien est moins rock'n roll ! lol ! Qui plus est, nous n'avons pas le problème de la langue, quoique avec les garçons, j'ai l'impression qu'ils ont un pb avec mon langage ... hi hi Allez bonne continuation. Faîtes attention à vous pour la suite
RépondreSupprimer"avec une balle, j’ai eu 2 oiseaux. Je ne sais pas trop si je dois etre fière."
RépondreSupprimerC'est mal, mais c'est la classe, mais c'est mal....mais c'est la classe.
Bonne route!
Simon le Cochon-qui va bientôt changer de pseudo, on sait jamais...
salut sé comme tu me l avait raconter au téléphone avec lé photo sé encore plus impressionnant . bravo pour les oiseaux m est ses vrai que sa fait bizarre quand même . fleur
RépondreSupprimerC'est bien de nous avoir fait partager tout ça, bien que Fleur m'expliquait (peut être pas tout...) vos discussions téléphoniques....C'est bien de voir les photos aussi! Par contre, il y a un problème majeur, je n'aime pas les chasseurs!!!!
RépondreSupprimerJe me doute que ton anglais doit être bien meilleur maintenant. Et ça t'as plu de faire la cuisine, tu y prends du plaisir maintenant?
Profitez bien de vos prochaines rencontres! bisous à vous deux
Hi my little Shoune !! thanks a lot for this real article :) Now you can help us to have chickens and pigs at home, then I will call you to cook them.
RépondreSupprimerWe are so proud of you 2, you have "balls" to do this adventure !!
Sorry for my english ... hope you understand ... for sure now you speak better than me !!! Pff...
Allez bon un peu de sérieux ... merci pour ce bel article !! Profitez en un max bisous bisous the Duchfamily <3